L'histoire de l'aviation Nord-Côtière en 11 chapitres
 

Par Claudette Villeneuve, présidente de la Société historique du Golfe

L’hommage à nos aviateurs de la première heure sur la Côte-Nord s’est concrétisé, l’année dernière, lors de la réfection de l’aérogare de Sept-Îles. C’est sur 11 panneaux formant le muret du restaurant que la Société historique du Golfe a le grand plaisir de partager quelques histoires de notre aviation régionale, agrémentées de photos d’époque. Notons que la recherche associée à ce projet a été confiée à MM. Steve Dubreuil et Guy Côté, alors que Mme Catherine Allard en a assuré la conception ainsi que le montage graphique.

Des premiers survols à la défense militaire de notre espace aérien, en passant par l’avènement de l’aéropostale et le plus grand pont aérien de l’histoire canadienne en temps de paix, ces épisodes y sont décrits pour le plaisir et la curiosité des voyageurs.

 

Alors que, depuis leur fondation, c’est essentiellement par la mer que se fait la communication entre les villages nord-côtiers, l’apparition des premiers aéronefs dans le ciel, au cours des années 1920, laisse entrevoit un monde de possibilité que les pionniers n’auraient jamais imaginé.

C’est après la première guerre mondiale que la Côte-Nord voit son ciel sillonné pour la première fois par des aéronefs. En 1923, ce sont les HS-2L de l’Armée canadienne qui survolent la région. Leur mission est d’assurer le ravitaillement en pétrole des villages. Avec le développement du trafic aérien, l’inventaire de l’arrière-pays se précise.

Le 13 avril 1928, « un poisson dans le ciel » est aperçu par le jeune Le Templier, fils du gardien de phare de l’Île Greenly (ou Verte), au large de Lourdes-de-Blanc-Sablon. Il s’agit du Bremen, un Junkers W-33 allemand qui, décollé d’Irlande, se pose en catastrophe sur l’île, complétant ainsi la première traversée est-ouest de l’Atlantique.

Depuis des générations, les Nord-Côtiers reçoivent leur courrier par un traîneau tiré par des chiens. En 1927, le gouvernement fédéral confie une partie de la poste hivernale au transport aérien. Cette livraison implique le largage aérien des sacs postaux dans les villages intermédiaires.

 

Le Dr Louis Cuisinier, Ken Smith, le colonel R. McCormick, Thomas B. Fraser, Léopold Brochu et bien d’autres, d’origine diverses, formés dans des écoles d’aviation ou ayant connu leur baptême de l’air lors des deux guerres mondiales, ont mis leur talent de pilote au service de la population nord-côtière.

Dès les années 1920, les baies de Moisie et de Sept-Îles sont utilisées par les rares hydravions fréquentant la région. En 1928, une piste est aménagée à l’ouest du village de Sept-Îles.  Et c’est en 1943, que le gouvernement fait construire un aéroport militaire à 10 km à l’est du village. La guerre terminée, les infrastructures sont mises à la disposition de l’aviation commerciale.

Alphonse Boudreault s’enrôle en 1940 dans l’Aviation Royale du Canada. Promu sergent pilote, il débarque en Angleterre en 1942. Le 22 septembre 1942, le destin frappe, il périt avec tous les membres d’équipage, il avait 25 ans.


En 1948, la Iron Ore Company of Canada crée sa propre compagnie de transport : la Hollinger Ungava Transport, avec comme objectif de permettre la construction des infrastructures minières de Schefferville, dans le nord du Québec. En 1949, une dizaine de pistes d’atterrissage sont construites le long du tracé de la future voie ferrée.

 

Henri-Paul Boudreau, Jacques Blouin et les frères Roland, Roger et Walter Ferguson sont les premiers pilotes professionnels originaires de la Côte-Nord. Henri-Paul, Roland et Roger ont piloté pour la Hollinger Ungava Transport. Walter connaît une fin tragique en 1974 lors de l’écrasement de l’avion qu’il co-pilotait dans les monts Apica (Saguenay).  Jacques Blouin fonde sa première compagnie d’hélicoptère en 1970.


Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, le village de Longue-Pointe-de-Mingan est entraîné dans la tourmente : en octobre 1942, le Canada accorde au Département américain de la Guerre la permission d’y établir un aéroport militaire.

En 1953, le village de Moisie connaît une transformation majeure : l’Aviation royale canadienne y établit une base de radar. En 1957, la base est intégrée au Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, chargé des missions d’alerte et de contrôle aérospatial du continent Nord-américain.

La Revue d’histoire de la Côte-Nord, no. 47-48, édition de juin 2009, apporte plus de détails sur les débuts de l’aviation nord-côtière, le lecteur intéressé peut s’y référer.